Histoire de l'IRBI
1960: naissance de l'IRBI
L'Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte actuel est né à Tours en 1960 de la volonté du Pr. Vincent Labeyrie nommé en 1960 Maître de Conférences à l'Université de Poitiers.
Le Laboratoire de Biologie animale de l'époque occupera une salle de classe d'une école proche de la Faculté de Médecine de Tours. Dans cette pièce équipée par le CNRS y travaillent 2 enseignants-chercheurs et un technicien. En 1965, la petite équipe de recherche qui héberge alors 6 enseignants-chercheurs et 3 techniciens, s'installe dans de nouveaux locaux universitaires dans le Parc Grandmont au sud de Tours. A partir de 1968, avec l'arrivée de Jacques Huignard et du premier chercheur CNRS à l'Université de Tours (le Dr. Eric Thibout), le laboratoire s'oriente vers l'étude des relations entre les plantes et les insectes qui leur sont inféodés.
Ce thème de recherches était peu développé dans les années 60 en France alors que de nombreuses études commençaient à être réalisées dans d'autres pays d'Europe et aux USA.
C'est à cette époque que les chercheurs tourangeaux ont démontré que les plantes ne servaient pas uniquement de support trophique aux insectes mais apportaient également tout un ensemble d'informations physiques et surtout chimiques qui influence le comportement et la reproduction de ces insectes phytophages. C'est également à cette même période que les aspects évolutifs des interactions plantes-insectes voient le jour autour des phénomènes de coévolution entre les plantes et les phytophages qui se développent à leurs dépens. C'est dans ce cadre conceptuel que Vincent Labeyrie développe les recherches du laboratoire dénommé en 1969 du nom quelque peu énigmatique aujourd'hui d'Institut de recherches en biocénotique expérimentale des agrosystèmes (IBEAS) qui sera rattaché au CNRS en 1971 (ERA CNRS 328) et où travaillent 11 chercheurs et 7 techniciens. Vincent Labeyrie n'aura de cesse de regrouper, autour de cette approche innovante qui deviendra l'étude de la biologie des communautés, des chercheurs d'horizons variés qu'ils soient entomologistes, botanistes, microbiologistes, chimistes ou physiciens. Cette diversité se perpétue encore aujourd'hui en réunissant sous un même toit, écologistes, physiologistes, (bio)chimistes, physiciens, bioinformaticiens et mathématiciens. Les études expérimentales de l'époque permettent de mieux comprendre comment les insectes phytophages pouvaient découvrir leur plante-hôte dans un écosystème puis la coloniser et s'adapter aux variations spatiotemporelles de leur environnement.
L'incorporation d'un troisième niveau trophique avec l'étude des guêpes parasitoïdes -qui se développent aux dépens des insectes phytophages -ouvre la voie vers d'importantes avancées conceptuelles. En effet, c'est durant ces années 70 que les chercheurs du laboratoire mettent en évidence la capacité des plantes attaquées à émettre des composés chimiques volatiles qui attireront les ennemis naturels des insectes phytophages. Les équipements expérimentaux de l'époque font alors référence en écologie, en particulier un ensemble de pièces climatisées permettant la production des végétaux et l'élevage des insectes dans des conditions contrôlées et du matériel de pointe pour les études comportementales et physiologiques des insectes. Leurs travaux, publiés en français dans les revues phares de l'entomologie, sont lus dans tous les instituts de recherches de la planète.
1981: l'IRBI s'agrandit
Au cours de cette période, le laboratoire s'ouvre à l'international.
Il ne cesse depuis d'étendre ses connexions aux quatre coins du globe. Des programmes de coopération avec les universités de Niamey (Niger), Ougadougou (Burkina Faso) et Lomé (Togo)symbolisent l'implantation forte des recherches tourangelles dans les problématiques du continent africain. De nombreux programmes de recherche s'intéressent alors à l'un des modèles historiques du laboratoire : les coléoptères bruchidae. Ces insectes détruisent en quelques mois toutes les récoltes stockées et privent les populations africaines d'une ressource alimentaire riche en protéines.
Ces recherches à but fondamental et appliquésont réalisées grâce à des contrats financés par la Communauté Economique Européenne à partir de 1990.
Elles aboutissent à des avancées spectaculaires en proposant des méthodes de contrôle des populations de Bruchinae qui sont maintenant utilisés en Afrique.
Cette aventure africaine pilotée par J. Huignard aura assuré également la formation d'universitaires et d'ingénieurs africains qui occupent aujourd'hui des positions importantes dans leurs pays respectifs. Fruit de cette collaboration, le professeur Isabelle Glitho obtiendra en 2011 les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur. Docteur ès sciences d'entomologie de l'Université François Rabelais de Tours -spécialité bioécologie et gestion des populations – elle exerce depuis 2009 les fonctions de Doyen de la Faculté des Sciences de l'université de Lomé et de Directrice du laboratoire d'entomologie appliquée. Elle est ainsi la première femme, et pour l'instant l'unique togolaise, à avoir accédé à cette haute responsabilité universitaire. En 2000, Georges Periquet prend la direction de l'IRBI qui compte alors 22 personnels universitaires et 9 personnels CNRS. Sous son impulsion, se développent des recherches en génétique des populations et en biologie moléculaire.
1994: l'IRBI s'internationalise
En 1994 est recruté Jérôme Casas, scientifique Suisse qui travaillait en Californie. En 2002, il prend la tête de l'IRBI qui se diversifie alors et commence une expansion internationale active. En 2003, le laboratoire s'installe dans de nouveaux locaux construits sur le site de l'UFR Sciences et Techniques au cœur du parc Grandmont avec l'aide de l'État et de la Région Centre. L'IRBI compte alors 30 chercheurs, 8 ITA CNRS et 6 IATOS Université. Les recherches abordent les interactions plantes-insectes et insectes -parasitoïdes depuis les mécanismes physiologiques et comportementaux jusqu'aux conséquences écologiques et évolutives. L'Institut devient visible dans les journaux scientifiques les plus prestigieux et s'ancre dans la biologie intégrative et la biologie évolutive. L’IRBI intègre une équipe marseillaise spécialisée sur l'écologie chimique des insectes sociaux et recrute successivement des spécialistes internationaux de l’écologie et la physiologie comportementale. L'aventure internationale du laboratoire s'accompagne de partenariats avec le Center for Insect Sciences (Univ. Arizona), le pilotage de programmes de recherche européens d'envergure et la participation à la mise en place d'une formation doctorale européenne en Sciences de l'Insecte. L'IRBI continue également à s'impliquer dans l'organisation de conférences internationales et à s'équiper de plateaux d'écologie physique et chimique, génomique évolutive, et de physiologie et comportement des insectes.
2011: l'IRBI s'implique et se diversifie
Sous l’impulsion de Jean-Paul Monge qui prend la direction de l’IRBI en 2011, l’institut intensifie son partenariat avec le Centre d'Expertise et de Transfert Universitaire (CETU) « Innophyt ». L'IRBI développe alors également une série de programmes de recherche avec des industriels, des collectivités territoriales, et des fondations tout en tissant des liens plus forts avec les partenaires scientifiques locaux et la région Centre-Val de Loire. L'IRBI s'intègre également dans la dynamique nationale en conduisant de nombreux programmes de recherche financés par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), ainsi que d’autres organismes nationaux et internationaux comme l’European Research Council (ERC). Les invasions biologiques, les changements climatiques, la biologie de vecteurs, l'agroécologie ou le biomimétisme ont désormais cité dans ce qui fut une forteresse de la Science « pure ».
L’enracinement dans les problèmes sociétaux s’intensifie avec l’arrivée à la direction de l’IRBI de David GIRON en 2016. L’institut développe alors une série de programmes de recherche nationaux et internationaux avec des industriels, des collectivités territoriales et des associations autour des objectifs de développement durable. Comprendre comment les insectes réagissent aux changements environnementaux notamment est un défi majeur pour pouvoir préserver le fonctionnement durable des écosystèmes et enrayer la perte de biodiversité, assurer des stratégies durables de production alimentaire et minimiser les risques sanitaires liés aux insectes vecteurs de maladies et aux insectes invasifs. L’institut dès lors oriente une partie de ses activités autour des insectes comme solution au travers par exemple de la production d’insectes à finalité alimentaire ou comme source innovante de bioconversion de la matière organique ou encore comme moyen de relancer des filières patrimoniales ou de développer de nouvelles offres touristiques. Résolument tourné vers l’international, l’Institut tisse également des liens avec les acteurs du territoire au service de la préservation du patrimoine naturel et culturel exceptionnel de la région Centre-Val de Loire.
La fédération récente des forces de recherche et des structures non académiques régionales au sein du réseau EntomoCentre en est l’illustration.
Pour mener à bien ses missions, aujourd’hui encore, l’IRBI mise sur les développements technologiques et acquiert au travers de grands programmes structurants des équipements innovants de pointe. Ainsi équipé, l’IRBI envisage désormais de se consacrer davantage aux analyses de terrain, avec des dispositifs inédits en milieu tempéré : des labos embarqués, sur une plateforme mobile au-dessus ou au milieu des arbres, avec des drones munis d’enregistreurs, des systèmes qui permettent d’échantillonner des insectes depuis les cimes, d’observer leur comportement dans la nature et d’enregistrer tout ce qui se passe autour.
Directeurs
- Vincent Labeyrie (1960-1981)
- Jacques Huignard (1981-2000)
- Georges Periquet (2000-2003)
- Jérôme Casas (2002-2011)
- Jean-Paul Monge (2011-2016)
- David Giron (2016 -)