Partager
Actualité

Soutenance de thèse Mathieu Bussy

Date(s)

le 10 décembre 2025

9h
Lieu(x)
amphi 030 du bâtiment E1

Régulation de la compétition interspécifique chez deux espèces de parasitoïdes: intégration de la physiologie thermique et du comportement. / Regulation of interspecific competition in deux parasitoids species: combining thermal physiology and behavior.

Résumé:
La compétition intra- et interspécifique pour l’exploitation des ressources est fréquente dans le règne animal. Elle occasionne généralement une baisse de la survie et/ou du succès reproducteur des individus en interaction. Ces processus influencent donc fortement la dynamique des populations mais contribuent aussi à la coexistence des espèces en favorisant l’occupation de niches écologiques différentes. Ces processus de compétition dépendent toutefois de l’environnement. La température influence directement la performance des individus en interaction mais module aussi la qualité de la ressource disputée ainsi que les coûts et bénéfices des stratégies compétitrices des individus. Il en résulte que, dans un habitat hétérogène, les individus d’une même espèce devraient occuper les mêmes niches thermiques, accroissant le risque de compétition intraspécifique. A l’inverse, des espèces en compétition devraient pouvoir coexister dans ce même environnement hétérogène d’autant plus que leur température optimale diffère. Ces hypothèses n’ont jamais été testées chez des parasitoïdes. Au cours de cette thèse, j’ai étudié l’impact de la température sur la performance, la tolérance et la plasticité phénotypiques de traits physiologiques et comportementaux en lien avec l’exploitation d’une ressource pour laquelle les deux espèces se battent. Ces travaux ont été réalisés sur deux espèces sympatriques de parasitoïdes tropicaux, Eupelmus vuilleti et Dinarmus basalis, en situation de compétition intra- et interspécifique pour leur hôte commun, la bruche du niébé (Callosobruchus maculatus). Mes travaux, montrent que les deux espèces répondent de manière similaire à la température. Elles partagent, avec leur hôte, une tolérance thermique particulièrement élevée, proche des 48°C. Leurs performances développementale et d’exploitation des hôtes sont optimales à 35°C, ce qui correspond également à une température optimale élevée par rapport à la moyenne observés chez les parasitoïdes et autres insectes. Dans les conditions de notre étude, les deux espèces montrent une faible plasticité phénotypique, avec une absence apparente de capacité de heat-hardening et d’acclimatation développementale. Enfin, la température préalablement vécue par les femelles parasitoïdes n’affecte pas la résolution et la dynamique des conflits entre femelles pour l’accès aux hôtes. Ainsi, et contrairement aux hypothèses formulées par la théorie de la partition thermique de niche écologique, la température ne serait pas un facteur facilitant la cohabitation de ces deux espèces compétitrices.

Summary:
Intra- and interspecific competition for resource exploitation is widespread in animal kingdom. It causes generally a reduction in survival and/or reproductive success to interacting individuals. Competition strongly affects population dynamics and species co-existence. Because individual performances vary with temperature, often in different ways according to species, this abiotic factor can modulate resource quality and the pay-off of individuals’ competitive behavioral strategies. As a result, in a heterogeneous habitat , individuals of a same species should prefer the same thermal niches, increasing the intensity of intraspecific competition. By contrast, competing species should co-exist more easily in this heterogeneous environment when their optimal temperatures differ. These hypotheses have never been tested in parasitoids. In this thesis, I studied the impact of temperature on the performance, tolerance and plasticity of physiological and behavioral traits linked to behavioral strategies for resources. This work was carried out on two sympatric tropical parasitoids, Eupelmus vuilleti and Dinarmus basalis, in situations of intra- and interspecific competition when attacking the cowpea weevil (Callosobruchus maculatus). The results showed that both species respond in a similar way to the temperature of their environment. They shared, along with their host, a particularly high thermal tolerance close to 48°C. Their performances in development  and host exploitation were optimal at temperatures close to 35°C, which is higher than the average optimal temperature observed in parasitoids and other insects. Under the conditions of our study, both species also showed low phenotypic plasticity, with an apparent lack of heat-hardening and developmental acclimatization capacity. Finally, the temperature previously experienced by females did not affect the resolution and dynamics of later dyadic conflicts between females. Temperature therefore does not appear to be a factor facilitating cohabitation between these competing species, contrary to the hypotheses formulated by the theory of thermal niche partitioning.